JOHANNESBOURG, 29 mars — Les responsables électoraux sud-africains ont déclaré jeudi qu’ils avaient exclu l’ancien président Jacob Zuma des élections de mai, attisant encore davantage les tensions à l’approche des élections.
Le pays doit organiser des élections générales le 29 mai, ce qui devrait être le scrutin le plus compétitif depuis l’avènement de la démocratie en 1994.
Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir, est sur le point de tomber sous la barre des 50 pour cent des voix pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir à la fin de l’apartheid.
Le parti perd des soutiens dans un contexte de faiblesse économique et d’allégations de corruption et de mauvaise gestion.
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Zuma, 81 ans, a été contraint de quitter ses fonctions en 2018 à la suite d’allégations de corruption, mais il exerce toujours une influence politique.
Il fait campagne pour le parti d’opposition uMkhonto we Sizwe (MK) pour tenter de relancer sa carrière, qualifiant les membres de son ancien parti, l’ANC, de « traîtres ».
“Dans le cas de l’ancien président Zuma, oui, nous avons reçu une objection, qui a été retenue”, a déclaré aux journalistes le président de la commission électorale, Mosotho Moepya, sans donner de détails.
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“Le parti qui l’a nommé a été informé”, tout comme ceux qui s’opposent à cette décision, a-t-il ajouté.
La décision peut faire l’objet d’un appel avant le 2 avril.
Le porte-parole du MK, Nhlamulo Ndlhela, a déclaré à l’AFP que le parti « étudiait le bien-fondé de cette objection mais nous ferons bien sûr appel ».
« Vol de propriété intellectuelle »
La décision de la commission électorale n’est pas le seul problème du député.
L’ANC a déposé mercredi une nouvelle requête en justice pour empêcher le député d’utiliser son nom, alléguant un vol de propriété intellectuelle.
Selon le parti au pouvoir, le nom et le logo de l’uMkhonto we Sizwe sont similaires à ceux de la branche militaire de l’ANC, aujourd’hui dissoute, de l’époque de l’apartheid, ce qui pourrait tromper ou confondre les électeurs.
Une décision de justice devrait être annoncée dans les prochains jours.
Mardi, un tribunal a rejeté une première plainte de l’ANC, qui affirmait que le député avait été enregistré illégalement, permettant ainsi au petit parti radical de se présenter aux élections.
Les élections législatives, à l’issue desquelles le vainqueur désignera un président, s’annoncent tendues.
Si l’ANC tombe en dessous de 50 pour cent des voix, cela forcera le parti autrefois dirigé par Nelson Mandela à former une coalition pour rester au pouvoir.
Les derniers sondages d’opinion placent l’ANC avec un peu plus de 40 pour cent des voix, l’Alliance démocratique, principale opposition, avec environ 27 pour cent et le MK avec 13 pour cent.
La commission électorale a déclaré qu’en vertu de la Constitution, « toute personne reconnue coupable d’un délit et condamnée à plus de 12 mois d’emprisonnement sans possibilité d’amende » ne peut pas se présenter aux élections.
Zuma a été condamné à 15 mois de prison en juin 2021 après avoir refusé de témoigner devant un panel enquêtant sur la corruption financière et le copinage sous sa présidence.
Il a été libéré pour raisons médicales seulement deux mois après le début de sa peine.
Mais son emprisonnement a déclenché des manifestations, des émeutes et des pillages qui ont fait plus de 350 morts, ce qui constitue la pire violence qu’ait connue l’Afrique du Sud depuis l’avènement de la démocratie.
Une cour d’appel a par la suite statué que la libération de Zuma avait été illégalement accordée et l’a ordonné de retourner en prison.
Mais à son retour dans un centre correctionnel, il a immédiatement bénéficié d’une réduction de peine pour délinquants non violents approuvée par le président Cyril Ramaphosa, son principal rival et successeur.
Outre sa condamnation pour outrage en 2021, il fait face à des accusations distinctes de corruption dans le cadre d’un scandale d’achat d’armes dans les années 1990, alors qu’il était vice-président.
Zuma ne peut en théorie pas briguer une réélection puisqu’il a déjà accompli deux mandats présidentiels.
Les listes électorales définitives devraient être publiées d’ici une quinzaine de jours.
La commission électorale a reçu 82 recours concernant des candidats désignés par 21 partis politiques.
La déclaration de Zuma en décembre selon laquelle il ferait campagne pour le MK a été un coup dur pour l’ANC, car il reste populaire auprès des Zoulous.
L’annonce de son exclusion intervient alors que le chef du plus grand parti d’opposition sud-africain, John Steenhuisen, de l’Alliance démocratique, a refusé d’exclure un accord de coalition avec l’ANC après les élections. -AFP