PARIS, le 28 mars — Que ce soit lors d’une soirée ou d’une discothèque, vous avez sans doute remarqué que certaines chansons donnent plus envie de danser que d’autres. Une étude publiée dans la revue Science Advances affirme que ce n’est pas une coïncidence. En fait, notre corps a naturellement envie de bouger lorsque notre cerveau est capable d’anticiper le rythme de la musique.
Une équipe de recherche de l’Inserm et d’Aix-Marseille Université est arrivée à cette conclusion après avoir étudié la dynamique neuronale, c’est-à-dire les interactions entre neurones résultant de l’activité électrique du cerveau, de 30 volontaires alors qu’ils écoutaient une douzaine de mélodies.
Ces mélodies avaient été conçues par les chercheurs pour avoir un rythme de 120 battements par minute. Chaque mélodie était ensuite modifiée pour rendre son rythme plus ou moins complexe, mais sans altérer ni la rapidité du rythme ni les autres caractéristiques musicales de la mélodie.
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Les scientifiques ont ensuite demandé aux participants d’écouter ces mélodies tout en enregistrant leur activité cérébrale en temps réel à l’aide d’un appareil de magnétoencéphalographie (MEG). À la fin de chaque séance d’écoute, il a été demandé aux volontaires d’évaluer le niveau de « groove » qu’ils ressentaient, c’est-à-dire leur envie de danser.
Dans le même temps, les auteurs de l’étude ont créé un modèle mathématique dit « neurodynamique » du réseau neuronal pour mieux comprendre les calculs effectués par notre cerveau pour déterminer si un morceau de musique est « groovy » ou non.
Comment notre cerveau stimule notre envie de danser
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Les chercheurs ont constaté que les participants étaient particulièrement enclins à danser lorsqu’ils écoutaient de la musique dont le rythme n’était « ni trop simple ni trop complexe », comme ils le rapportent dans un communiqué de presse. « Ces résultats montrent que l’engagement moteur lié au groove se matérialise par une anticipation temporelle du tempo. Au niveau cérébral, cela repose sur un équilibre dynamique entre la prévisibilité temporelle du rythme (moins le rythme est complexe, meilleur il est) et les erreurs de prédiction temporelle de l’auditeur (plus le rythme est complexe, plus il commet d’erreurs), » explique Arnaud Zalta, premier auteur de l’étude et post-doctorant à l’ENS-PSL.
On peut donc se retrouver pris d’une envie irrésistible de danser alors que notre cerveau est capable d’anticiper le rythme de la musique que nous entendons. Arnaud Zalta et ses collègues émettent l’hypothèse que le cortex sensorimoteur gauche – une région du cerveau impliquée dans le traitement des informations sensorielles et la coordination des mouvements – joue un rôle important dans l’expérience du « groove ». Cependant, cette possibilité devra être explorée plus en profondeur à l’avenir pour confirmer sa véracité.
Bien que notre cerveau puisse stimuler notre envie de danser, les recherches suggèrent que nous ne devrions pas nous priver de ce plaisir. La danse est une activité physique bénéfique à la fois pour le corps et l’esprit, stimulant simultanément toute une série de processus cognitifs, de la coordination des mouvements au rythme de la musique en passant par la mémorisation des pas. Cette activité favorise également notre bien-être psychologique en augmentant la libération d’ocytocine (la fameuse « hormone de l’amour ») et de dopamine (la soi-disant « hormone du bonheur »), et en diminuant la sécrétion d’hormones liées au stress comme le cortisol. Alors la prochaine fois que vous vous retrouverez à taper du pied au rythme, ne vous retenez pas ! —ETX Studio